Où ça fait mal, et pourquoi ?
« La douleur au mollet se situe à l’arrière de la jambe, entre le genou et la cheville. Deux muscles en sont les principaux responsables : le gastrocnémien (celui qui forme la bosse du mollet) et le soléaire, plus en profondeur. Tous deux se rejoignent au niveau du tendon d’Achille. » note le Dr Nadia Abed Garbin. Qui aurait cru que cette petite zone si discrète puisse causer autant de tracas ?
La douleur peut être :
- Sourde et diffuse, comme après un effort physique.
- Aiguë et brutale, en cas de crampe ou de déchirure musculaire.
- Accompagnée d’un gonflement, d’une raideur ou d’une sensation de chaleur locale.
Les causes : du simple faux pas à l’urgence médicale
Côté musculaire
On pense souvent aux crampes — ces fameuses « crampes nocturnes » qui vous réveillent en pleine nuit — mais ce n’est que le début.
Une douleur vive et fulgurante, comme une pince invisible qui serre sans prévenir.
- Crampes musculaires : contractions soudaines et involontaires, souvent liées à une déshydratation ou à un effort physique mal préparé.
- Foulures ou élongations : le muscle a été trop sollicité, parfois jusqu’à une déchirure partielle.
- Contusions : à la suite d’un choc, un hématome peut se former, accompagné de douleur locale.
Côté circulation : à ne pas prendre à la légère
Certaines douleurs au mollet peuvent révéler un problème vasculaire plus sérieux :
- Claudication intermittente : souvent liée à un rétrécissement des artères (artériopathie oblitérante des membres inférieurs – AOMI), la douleur apparaît à la marche et disparaît au repos. Typique chez les fumeurs, les personnes diabétiques ou peu actives.
- Thrombose veineuse profonde (TVP) : ici, vigilance absolue. Douleur soudaine, mollet gonflé, sensation de chaleur ? Il faut consulter en urgence. Un caillot peut obstruer une veine profonde.
Autres causes possibles :
- Tendinite d’Achille : douleur localisée à la jonction entre le mollet et le talon, souvent après un effort ou une surcharge.
- Sciatique ou neuropathie périphérique : la douleur peut être « référée », c’est-à-dire provenir du dos ou d’un nerf irrité.
- Varices, syndrome des loges : causes moins fréquentes, mais à envisager si les symptômes persistent ou s’aggravent.
Diagnostic : quand faut-il consulter ?
La plupart des douleurs bénignes se calment en quelques jours.
Mais certains signes doivent immédiatement alerter :
- Douleur intense ou soudaine, sans effort particulier
- Gonflement marqué ou sensation de chaleur au niveau du mollet
- Difficulté à marcher ou à rester debout
- Coloration inhabituelle de la jambe (bleutée ou très pâle)
- Douleur survenue après un long trajet en position assise (voiture, train ou avion)
Dans ces cas-là, consultez rapidement un médecin. Une échographie musculo-squelettique pourra être prescrite pour écarter une pathologie sérieuse et orienter le traitement adapté.
Soulager rapidement : la méthode G-R-E-C…
Le classique mais redoutablement efficace protocole GREC :
- G – Glaçage : 20 minutes toutes les deux heures, à l’aide d’un tissu (jamais la glace directement sur la peau).
- R – Repos : on ne négocie pas avec un muscle douloureux. Le repos est impératif.
- E – Élévation : surélevez la jambe, idéalement au-dessus du niveau du cœur, pour favoriser le retour veineux.
- C – Compression : un bandage ou un manchon de contention aide à limiter l’inflammation et soutient le muscle.
Et après 48 heures ? Place à la chaleur :
- Bains chauds
- Bouillotte ou patch chauffant
- Bain au sel de magnésium (type sel d’Epsom) : reconnu pour détendre les muscles et atténuer l’inflammation.
Massages, étirements et mouvement doux : remettre le corps en marche
En cas de crampe :
Allongez doucement le muscle en tirant la pointe du pied vers vous. Maintenez la position quelques secondes sans forcer. Et surtout… respirez profondément.
Massages ? Oui, mais dans le bon sens.
Effectuez-les du bas vers le haut, pour favoriser le retour veineux. L’ajout d’une huile essentielle (comme la gaulthérie couchée ou le romarin à camphre) accentue l’effet relaxant.
Étirements et rouleau de massage :
À intégrer après l’effort ou dans une routine quotidienne. Ils doivent être lents, progressifs et indolores. Le rouleau de massage est également très efficace : environ 15 minutes suffisent pour détendre et « décoincer » les fibres musculaires.
Exercices doux recommandés :
- Élévations sur la pointe des pieds
- Étirements du triceps sural (muscle du mollet)
- Yoga ou natation, une fois la douleur calmée
Médicaments et soins médicaux : utiles… si bien ciblés
Pour les douleurs légères à modérées :
- Paracétamol ou anti-
inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène, en prise courte et ponctuelle. - Crèmes chauffantes ou gels anti-inflammatoires en application locale.
Si la douleur est liée à une tendinite, une foulure ou une lésion musculaire :
- Kinésithérapie et renforcement musculaire progressif.
- Orthèse de maintien ou immobilisation temporaire si nécessaire.
- Traitements ciblés, comme des infiltrations ou séances d’électrostimulation, selon les cas.
En cas de pathologies vasculaires :
- Traitement médicamenteux adapté : antihypertenseurs, hypocholestérolémiants ou antidiabétiques, selon la pathologie sous-jacente.
- Rééducation à la marche encadrée par un professionnel.
- Arrêt du tabac : non négociable, car il aggrave significativement les troubles circulatoires.
Et côté prévention, on mise sur le bon sens (et le jus de cerise !)
Prévention : les bons réflexes au quotidien
Hydratation
Souvent négligée, l’hydratation joue pourtant un rôle essentiel. Il est important de boire suffisamment d’eau, en particulier lorsqu’il fait chaud ou après un effort physique. Une bonne hydratation aide à prévenir les crampes et favorise la récupération musculaire.
Alimentation
Certains nutriments sont de véritables alliés pour vos muscles :
- Potassium : présent dans la banane, l’avocat
- Magnésium : que l’on trouve dans les amandes, le chocolat noir
- Antioxydants : abondants dans la grenade ou les légumes verts
Le jus de cerise acidulée, prisé des sportifs, est reconnu pour ses vertus anti-inflammatoires naturelles.
Échauffement et récupération
Ces deux étapes sont indispensables. Même cinq minutes suffisent pour bien préparer les muscles à l’effort ou leur permettre de récupérer ensuite. Ne pas les négliger, c’est éviter bien des douleurs.
Chaussures adaptées
On évite de courir avec des Converse ou des espadrilles ! Une bonne paire de chaussures avec semelles amortissantes et maintien efficace peut faire toute la différence et prévenir les douleurs.
Progressivité
Nouveau programme d’entraînement ? Reprise après une période d’arrêt ? Il faut reprendre progressivement, étape par étape. Mieux vaut faire moins, mais bien, que trop vite, au risque de se blesser.
Repos
Le sommeil profond est crucial pour la régénération musculaire. C’est durant le repos que le corps répare les micro-lésions liées à l’activité physique. Sans repos, pas de progrès durable.
Ce qu’il faut retenir
La douleur au mollet gauche peut prendre des formes très variées : de la simple crampe passagère à un symptôme plus sérieux. Il n’est pas toujours évident de savoir si c’est bénin ou si cela mérite une vraie consultation. En écoutant son corps, en adoptant les bons réflexes (repos, étirements, massages, hydratation) et en consultant en cas de doute, il est possible de retrouver rapidement confort et mobilité.
Parce que marcher, courir, sauter… devrait rester naturel — et surtout, sans grimace.
Alors à vos bains de pieds, rouleaux de massage et bouteilles d’eau : vos mollets vous diront merci !
