« Je suis né sans bras, je peint avec avec ma bouche, mes tableaux rencontrent un grand succès »

Celeste Moya est venue au monde sans bras, un lourd handicap qui aurait pu l’empêcher de rayonner. Et pourtant, malgré les difficultés, sa détermination l’a hissée dans l’univers de la peinture. Cette artiste reconnue peint avec ses pieds et sa bouche. Et ses tableaux font fureur en Argentine !

Plus d’excuses pour ne pas briller dans votre domaine de prédilection. Cette femme a largement de quoi vous inspirer. Son histoire est certes émouvante, mais son parcours est une véritable leçon de vie et de résilience. Celeste connaît ses limites et son chemin de vie a été semé d’obstacles. Mais, elle a toujours réussi à surmonter l’adversité en s’armant de courage et de bonne volonté. « Je n’aurais jamais cru que l’art m’apporterait autant ! », dit celle dont les créations se vendent à des centaines de milliers de dollars.

Malgré son handicap, sa fureur de vivre a décuplé ses capacités

Installée à Catamarca, en Argentine, ses œuvres d’art rencontrent beaucoup de succès. Elles sont largement citées dans les foires et les festivals de tout le pays. À chaque réunion, Celeste offre quelques-unes de ses créations et recueille des commandes de peintures pour lesquelles ses clients paient jusqu’à 300 000 dollars.

« Je suis née sans bras, donc pour moi c’est aussi naturel que les gens qui en ont et qui ont grandi en apprenant à se développer avec eux », explique cette femme de 43 ans, née dans la capitale de Catamarca et élevée dans une petite ville appelée El Rodeo. « J’ai passé mon enfance et mon adolescence entre El Rodeo et La Junta, deux villes où vivaient mes amis et ma famille. J’y ai fait mes études primaires et secondaires, puis je suis revenue, après la mort de mon père, vivre dans une maison à San Fernando. J’ai fait des études de tourisme, mais je n’ai pas accroché. Jusqu’à ce que j’ouvre un atelier de peinture et que je commence à me former en tant qu’artiste », se souvient Celeste.

Une nouvelle passion pour l’univers artistique

Dès son enfance, sa famille l’a initiée à l’art et lui a inculqué la patience grâce à la peinture. N’ayant pas de main pour peindre de manière classique, elle a suivi des cours pour apprendre à peindre avec ses pieds et sa bouche. « Je n’en ai pas fait grand cas à cet âge-là », dit-elle. Jusqu’à l’âge de cinq ans, elle a été scolarisée dans une école spécialisée, ce qui lui a permis d’apprendre à utiliser ses pieds dans différents domaines. « Si ma vie s’est améliorée au fil du temps, c’est grâce à ma famille. Elle m’a permis d’être libre, autonome et indépendante. C’est ce qui m’a permis d’avoir la vie que j’ai aujourd’hui ! », a-t-elle précisé.

Un talent inné qui transcende ses toiles de peinture

Celeste Moya

Celeste Moya – Source : spm

Lorsqu’elle a fait une incursion dans un atelier de peinture, elle y a trouvé bien plus que sa vocation : elle avait un talent inné pour le portrait et elle avait aussi une incroyable aisance à enregistrer dans son esprit des paysages qu’elle transformera plus tard en centaines de toiles. Son formidable talent n’est pas passé inaperçu. Elle a rapidement bénéficié d’une bourse via une association internationale. « J’ai la chance de pouvoir en vivre. Je fais partie de l’Association des peintres de la bouche et du pied (APBP), qui a son siège en Suisse, et avec laquelle je renouvelle mon contrat tous les trois ans », explique Céleste.

Le succès est au rendez-vous !

Celeste Moya dessine avec sa bouche

Celeste Moya dessine avec sa bouche – Source : spm

L’APBP collecte une fois par an une série de peintures originales de bouches et/ou de pieds réalisées par des artistes du monde entier. Celles-ci sont reproduites sur des cartes postales ou des cartes-cadeaux, qui sont ensuite commercialisées. « Nous devons envoyer environ huit œuvres par an. Ils nous versent une subvention mensuelle et j’en vis très confortablement. En plus des peintures que je vends dans les foires ou qui me sont commandées », poursuit Celeste.

Et, si le succès est au rendez-vous, c’est parce qu’elle redouble de créativité et qu’elle est très minutieuse dans son travail. « On me demande beaucoup de motifs floraux ou de Noël, car la plupart des cartes sont vendues au printemps ou à la fin de l’année », dit-elle avec fierté.

Un sacré défi : peindre avec les pieds et la bouche

L’artiste Celeste Moya dessine avec sa bouche

L’artiste Celeste Moya dessine avec sa bouche – Source : spm

Celeste précise que la seule exigence de l’association est de peindre avec la bouche ou les pieds. Ce qui n’est pas évident. Même si elle est déjà bien rôdée, une seule toile peut lui prendre beaucoup de temps. « J’ai commencé à peindre à l’huile et il me faut généralement un mois pour réaliser un tableau. Cependant, pendant la pandémie, j’ai suivi un cours d’aquarelle, ce qui me permet maintenant de gagner du temps ! » explique-t-elle.

Cette guerrière a révélé que la partie la plus difficile de son travail se situe au niveau du dessin : « Je le fais généralement avec mes pieds, parce qu’il m’est plus facile de peindre avec ma bouche. Le problème, c’est que j’ai les pieds courts et que le papier est grand, donc cela demande beaucoup de patience et de rigueur ».

Même si le quotidien est fastidieux, l’art a comblé son existence

Les œuvres de Celeste Moya

Les œuvres de Celeste Moya – Source : spm

En couple depuis 18 ans, Celeste est bien consciente de ses limites. Comme on peut l’imaginer, le quotidien a son lot de complications. Aussi, lorsque son petit ami part travailler, elle a besoin de la présence de sa sœur pour pouvoir effectuer toutes les activités quotidiennes qu’elle ne peut pas faire seule. « L’après-midi, mon partenaire revient et lorsque nous sommes ensemble, nous arrivons à nous entraider », explique la quarantenaire.

Quand on lui demande quels sont ses projets d’avenir ou ses rêves, la femme reste humble, préférant garder les pieds sur terre. « De quoi est-ce que je rêve ? De rien en particulier. Depuis que j’ai commencé cette aventure artistique, je n’ai jamais pensé à tout ce que l’art me donnerait. Je ne me suis jamais fixé de but particulier pour arriver à un certain endroit. Donc je n’ai pas de réels objectifs et je ne suis pas trop exigeante envers moi-même non plus. Je vis au jour le jour », a-t-elle ajouté. Cette femme inspirante et courageuse nous offre une belle leçon de vie. Car, malgré son handicap, elle se bat chaque jour pour gagner en autonomie et continuer à briller dans l’univers artistique.

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