À 92 ans, elle se lance dans l’artisanat et découvre l’indépendance financière

Alors que certains s’impatientent d’arriver à la soixantaine pour prendre enfin leur retraite, cette femme, elle, a attendu d’avoir 92 ans pour commencer à « travailler ». Après avoir été femme au foyer toute sa vie, sa petite routine a pris un tournant radical en 2019. Il n’y a pas d’âge pour entrer dans la vie active et la brésilienne Aspasia est désormais enchantée de gagner son propre argent.

Aujourd’hui, à 95 ans, cette vieille dame n’aurait jamais imaginé que l’une de ses passions lui rapporterait de l’argent. Lorsque ses enfants ont quitté le nid familial, elle s’ennuyait forcément un peu à la maison. Mais, comme elle n’aime pas rester inactive ni oisive, malgré son âge très avancé, elle a décidé de se lancer dans l’artisanat. Une entrée fracassante dans le monde du travail qui lui a rapporté une liberté financière inattendue. Découvrez son histoire relayée, en janvier dernier, par le quotidien brésilien Estadão.

Aspasia d’Avila

Aspasia d’Avila. Source : spm

Mère au foyer durant toute sa vie…

Aspasia n’avait que 17 ans lorsqu’elle a épousé son mari, Alziro. Elle avait été très attirée par cet homme charismatique qui travaillait dans le marché de la construction. A cette époque-là, les femmes ne s’étaient pas encore émancipées et la majorité restait à la maison pour s’occuper du foyer et des enfants. La vieille dame se souvient pourtant qu’elle avait une personnalité indépendante et qu’elle voulait avoir une certaine liberté financière. Mais, son époux ne l’entendait pas de la même oreille. Elle se rappelle d’ailleurs avoir été furieuse lorsqu’il lui avait demandé pourquoi elle avait besoin d’argent. Pour autant, elle a fini par se résigner à rester femme au foyer toute sa vie. « Je travaillais à la maison, m’occupant de mes trois enfants et de mon mari. Je n’avais le temps pour rien », raconte-t-elle.

Aspasia d’Avila1

Aspasia d’Avila. Source : spm

Toutefois, elle a toujours été manuelle : dès qu’elle avait un petit moment de libre, elle a appris toute seule à faire de l’artisanat en confectionnant des vêtements pour ses enfants. « Chacun d’eux a reçu un tapis lorsqu’il s’est marié », raconte fièrement la femme. Une fois qu’ils ont grandi, Aspasia avait l’occasion de souffler un peu. Elle a commencé à pratiquer l’aquagym, à se promener à Ipanema dans les rues de Rio de Janeiro. Mais, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille… En 1994, son mari est décédé à la suite d’un cancer de la prostate. Ce fut une période extrêmement difficile pour la brésilienne. Inconsolable après la perte de son époux, elle a eu besoin du soutien de toute sa famille pour affronter son chagrin et aller de l’avant. Un autre drame est survenu quelques années plus tard :  elle a perdu Alberto, son plus jeune fils, également emporté par un cancer. « Enterrer un enfant est la pire chose qui puisse arriver… », dit-elle. Aspasia ne savait pas où puiser la force pour surmonter sa douleur.

Entrer dans le monde du travail à… 92 ans !

Heureusement, elle n’était pas seule. Sa fille habitait dans le même immeuble qu’elle et sa petite-fille n’était pas loin non plus. « Mes enfants ont toujours pris soin de moi. Durant les moments éprouvants, ils s’inquiétaient pour moi. Et, c’est important de ressentir leur amour et leur bienveillance », dit-elle.

Au fil du temps, pour s’occuper l’esprit et se changer les idées, elle a appris à crocheter toute seule et s’est consacrée à une technique appelée « amigurumi », un art japonais qui utilise le crochet (ou le tricot) pour confectionner des figurines ou des animaux. Aspasia, elle, s’est lancée dans la création de poupées. C’est avec petite-fille, Fabiana, qu’elle s’est familiarisée avec cette technique japonaise. Autodidacte, elle s’est beaucoup documentée et a fait beaucoup de recherches pour accomplir sa tâche. Et ce, il faut le rappeler, à 92 ans ! La vieille dame a ainsi commencé à fabriquer des petits anges et des saints pour s’entraîner à la couture. Avant de devenir une bonne créatrice de poupées, elle a avoué que les premières tentatives n’étaient pas vraiment concluantes. Mais, à force de persévérance et de patience, elle a fini par exceller dans ce domaine.

Au début, ce n’était que pour le plaisir. Mais, progressivement, Fabiana a eu l’idée de commercialiser les petites œuvres artisanales de sa grand-mère. Une initiative très judicieuse qui a littéralement enthousiasmé sa mamie. Elle a commencé à vendre ses poupées en 2019. Mais, Aspasia n’aurait jamais imaginé que son travail aurait autant de succès !

Une nouvelle passion artisanale très lucrative

La grand-mère Aspasia

La grand-mère Aspasia. Source : spm

Fabiana a fait une démarche stratégique : elle a eu l’idée d’utiliser les réseaux sociaux pour promouvoir les poupées. Après avoir créé un compte spécifique sur Instagram, baptisé vopatiatelier, surnom donné par tous les petits-enfants d’Aspasia, la communauté a commencé à s’agrandir. La page compte aujourd’hui plus de 6000 followers. Une vraie prouesse pour cette grand-mère de 95 ans ! Avec plus de 200 publications, on y retrouve une variété de modèles de poupées faites à la main, mais aussi quelques clichés immortalisés d’Aspasia (toute pétillante et rayonnante !) et de sa petite famille.

« Le plus incroyable dans l’histoire, c’est que je gagnais mon propre argent pour la première fois de ma vie ! », a déclaré joyeusement cette adorable grand-mère. « J’ai vécu ce sentiment d’avoir mes propres sous comme une grande liberté. C’est inestimable et c’est quelque chose de sensationnel ! », avoue-t-elle. Bien-sûr, elle est également pleine de reconnaissance envers sa communauté qui ne cesse de saluer son talent et de l’applaudir à chacune de ses créations artisanales. Son dur labeur a largement porté ses fruits et sa gratitude est infinie. « Je suis très fière de mon travail. Je vois des gens me dire merci, m’encourager à poursuivre dans cette voie, m’envoyer des messages bienveillants et cela me fait très plaisir », a déclaré la vielle dame. Et, elle a vraiment de quoi être fière. Être active à son âge, réaliser un travail aussi minutieux, redoubler de créativité et le faire avec beaucoup d’amour…ce n’est vraiment pas donné à tout le monde !

Une toute nouvelle liberté retrouvée

Donner vie à ses poupées, c’est devenu une réelle passion pour Aspasia. C’est même l’une de ses activités favorites. Aujourd’hui, elle estime en avoir déjà vendu plus de 700 et pas qu’au Brésil d’ailleurs. Ses créations se sont même exportées jusqu’au Canada et au Portugal. Une très jolie consécration à titre personnel pour cette dame âgée qui goûte allègrement, et pour la première fois de sa vie, aux joies de l’indépendance financière. « Le sentiment d’acheter quelque chose avec mon propre argent était vraiment libérateur ! », clame-t-elle.  « J’adore le sentiment de regarder quelque chose, de l’aimer et de pouvoir l’acheter sans rien demander à personne (…). D’ailleurs, je me suis offert beaucoup de choses, même un nouveau réfrigérateur ».

Et, quelque part, c’est comme un nouveau chapitre de sa vie qu’elle a ouvert en 2019. Depuis bientôt cinq ans, elle se sent plus épanouie et plus active que jamais. Malgré son âge bien avancé, elle semble revivre une seconde jeunesse : « Je ne pense pas à vivre ou à mourir. Je ne pense pas à ces choses-là. Je vivrais aussi longtemps que Dieu le voudra. Mais, je profite du temps qui me reste en tirant le meilleur parti possible », conclut-elle. Autrement dit, elle vit le moment présent à fond en faisant ce qu’elle aime, sans se poser de questions. Bravo madame !

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