Chez les femmes, les chiffres donnent presque le vertige : entre 20 % et 53 % selon la façon dont on définit et collecte le problème. Et dès qu’on avance en âge, c’est encore plus frappant : près d’une femme sur 3 après 70 ans, contre 10 à 15 % des hommes du même âge.
Pourquoi tant de personnes n’en parlent pas ?
C’est peut-être là le plus triste : le silence. Comme si admettre qu’on a des fuites revenait à signer son appartenance au camp des « vieux », ou à avouer un défaut un peu gênant. Résultat, seulement une femme sur cinq ose consulter, alors que des solutions existent et qu’en parler pourrait changer beaucoup de choses.
Pourquoi les femmes sont-elles deux fois plus touchées que les hommes ?
Un corps féminin plus vulnérable : hormones, accouchements et ménopause
Il faut bien le dire, le corps des femmes n’est pas franchement aidé. Les hormones, les accouchements par voie basse, la ménopause, tout cela fragilise le plancher pelvien. D’ailleurs, 77 % des femmes incontinentes souffrent d’incontinence d’effort, selon les chiffres de la HAS. Le corps encaisse, se relâche, et la moindre quinte de toux peut suffire à provoquer une fuite.
Les interventions médicales spécifiques aux femmes
Et puis il y a tout ce qui survient parfois plus tard : hystérectomie, traitements hormonaux, petites ou grandes chirurgies pelviennes… autant de facteurs qui viennent s’ajouter à l’équation et augmenter les risques.
L’incontinence masculine : un problème souvent lié à la prostate
Hyperplasie bénigne et cancer de la prostate
Chez les hommes, c’est une autre histoire, mais pas forcément plus simple. La prostate fait souvent figure de coupable principal. Avec l’âge, l’hyperplasie bénigne devient monnaie courante, entraînant des envies pressantes parfois impossibles à retenir. Et après une prostatectomie (pour cancer, par exemple), on observe jusqu’à 25 % d’incontinence persistante à six mois. Un chiffre qui a de quoi faire réfléchir.
Autres facteurs masculins
Bien sûr, la prostate n’est pas seule en cause. AVC, diabète, troubles cognitifs ou infections urinaires viennent aussi jouer les trouble-fêtes. Résultat, 10 % des hommes de plus de 65 ans sont concernés, et ce pourcentage grimpe avec les années.
Les différents types d’incontinence et comment ils se manifestent
L’incontinence d’effort : la plus fréquente chez les femmes
C’est la grande classique, surtout chez les femmes : un éternuement un peu trop vigoureux, un éclat de rire mal placé, et hop, la petite fuite. On la doit au relâchement du plancher pelvien et à la pression abdominale qui dépasse la résistance de l’urètre.
L’incontinence par impériosité : plus répandue chez les hommes
Là, c’est une autre sensation : un besoin soudain, presque irrépressible, souvent lié à une vessie hyperactive. Les hommes en sont davantage victimes, notamment à cause des problèmes de prostate.
L’incontinence par regorgement et fonctionnelle : souvent silencieuse
On en parle moins, mais c’est tout aussi handicapant. Cela survient après un AVC, en cas de démence ou d’atteintes neurologiques. Parfois, la vessie se remplit et déborde sans qu’on s’en rende vraiment compte.
L’incontinence mixte : un double fardeau
C’est la double peine : un peu d’effort, un peu d’impériosité. Entre 14 % et 30 % des patients, surtout des femmes âgées ou des personnes ayant eu une chirurgie pelvienne, doivent composer avec ce cocktail délicat.
Les facteurs aggravants souvent ignorés
On ne réalise pas toujours que le mode de vie pèse lourd dans la balance : surpoids, sédentarité, tabac, alcool… tout cela fragilise la mécanique. Sans compter certains médicaments (diurétiques, antidépresseurs, sédatifs) ou la constipation chronique qui exerce une pression supplémentaire. Les infections urinaires à répétition n’aident évidemment pas.
Quand faut-il consulter un médecin et pourquoi ?
Disons-le franchement : dès que ça vous gâche la vie, même un peu. Fuites imprévues, nycturie (ces allers-retours nocturnes), douleurs ou besoins urgents… il ne faut pas laisser traîner. Sinon, gare à l’escalade : infections à répétition, isolement social, voire dépression. La HAS est claire : mieux vaut consulter dès les premiers signes pour éviter les complications.
Les solutions existent : traitements et améliorations du quotidien
Modifier ses habitudes pour limiter les symptômes
Ce qui est rassurant, c’est qu’on peut déjà faire beaucoup soi-même : renforcer son périnée grâce à la rééducation, limiter café, alcool et autres irritants, bouger davantage. Rien de miraculeux, mais de petites améliorations qui, mises bout à bout, changent la donne.
Les traitements médicaux et chirurgicaux
Pour les cas plus tenaces, il y a les médicaments anticholinergiques, les injections de toxine botulique ou encore les bandelettes sous-urétrales, voire des sphincters artificiels. Ce n’est pas anodin, bien sûr, et ça mérite un vrai suivi médical.
Produits et aides techniques pour vivre mieux
En attendant, ou en complément, il existe une panoplie d’aides : protections, couches, sondages intermittents, équipements adaptés à la toilette. Pas toujours très glamour, mais ô combien utiles pour conserver une vie sociale.
Les sous-vêtements lavables : une alternative discrète et écologique
Et puis, un petit coup de cœur personnel : les sous-vêtements lavables. Pour des fuites modérées, c’est une option vraiment intéressante, plus confortable, plus discrète, et qui évite de remplir la poubelle. On en trouve même aujourd’hui sous forme de slip pour incontinence chez l’homme, pensé spécialement pour leur morphologie, ce qui change tout en termes de maintien et de confiance. Certains établissements de soins les adoptent d’ailleurs pour réduire leur impact environnemental.Si ça vous parle — ou si ça vous inquiète pour un proche — n’oubliez pas qu’en matière d’incontinence, rien n’est jamais perdu d’avance. Il suffit souvent de lever le tabou pour trouver des pistes. Et ça, ça change tout.